On va tout péter …

… pour enfin construire une société qui nous ressemble ! Lycées bloqués et occupés, salariés du public et du privé dans la rue… Un peu d'air frais qui arrive avec le printemps. Selon les " organisateurs " nous étions un million d'hommes et de femmes dans la rue dans tout le pays le 10 mars. Bien sûr on connaît bien les lendemains désenchantés qui suivent les grandes et impressionnantes manifestations. On connaît les manœuvres des directions syndicales pour nous faire quitter la rue et reprendre le taf. On connaît la manipulation des partis qui instrumentalisent les mécontentements. On commence aussi à bien connaître la méthode Raffarin : faire mine de reculer pour mieux sauter, faire passer les lois en force, utiliser les décrets… tout en disant que les revendications sont écoutées.

Le gouvernement avance tête baissé. Il suit à la lettre la feuille de route " libérale " : casse des servies publics, paupérisation de l'Etat, régression sécuritaire… Les privatisations continuent, la question des salaires et de la répartition reste tabou. Pendant ce temps les patrons enregistrent des profits records, le coût de la vie augmente et les conditions de travail se durcissent. Quand aux lycéens qui s'insurgent, manifestent et occupent leurs bahuts, on leur envoie les CRS, on leur propose une éducation à deux vitesses qui entérine les inégalités plutôt que de les enrayer… et l'apprentissage de la Marseillaise à l'école. Chouette ! La suffisance du gouvernement envers nos attentes saute au yeux. Un ministre des finances changé comme un fusible suite à des tribulations immobilières puant le fric ne fait que mieux nous le rappeler.



Mais changer de ministres ou de gouvernement suffit-il ? Sûrement pas : droites et gauches capitalistes se ressemblent à tel point qu'il est difficile de différencier leurs politiques. Jospin et Chirac signaient main dans la main en mars 2002 le traité de Barcelone qui engageait la réforme " libérale " du système de retraite. La gauche poubelle au gouvernement expulsait à tour de bras et ramenait l'ordre républicain à grands coups d'effectifs policiers avant que Sarkozy ne s'y emploi avec fracas. La grande campagne d'appauvrissement de l'Etat était déjà en route. Le Canard Enchaîné du 16/03 nous apprend que Jospin a réalisé des réductions d'impôts sur le revenu plus importantes que Raffarin… et ô surprise ! Ces six années de baisses consécutives représentent un manque à gagner de 51 milliard : pile poil l'équivalent du déficit budgétaire en 2004. Aujourd'hui Sarkozy et Hollande partagent la une de Match pour nous convier à voter oui-oui et dire merci. Ils portent les mêmes costards et les mêmes sourires de faux derches.

Nous trouverons un avenir plus radieux dans le mouvement et non dans la stagnation mortifère de l'alternance Hollande/Sarkozy… Nous retrouverons la politique en chassant et désapprouvant les politiques. Nous serons à nouveau maître de l'espace public en l'occupant. Nous redécouvrirons le plaisir de s'informer en contournant radicalement les médias dominants. Nous établirons des rapports sains entre les peuples en détruisant les institutions qui contrôlent l'ordre mondial. Nous nous harmoniserons en respectant et en cultivant nos différences, celles qui font la richesse de l'expérience humaine et du hasard des rencontres. Qu'avons nous à perdre ? Peut-être un semblant de confort bourgeois auquel certains arrivent à accéder tant bien que mal, peut-être la facilité d'être dirigé par rapport à la complexité d'inventer la vie, peut-être la télé numérique, peut-être des jeux olympiques organisés par des marchands de canons et trafiquants en tous genres… Qu'avons nous à perdre depuis la publication du rapport 2005 sur l'enfance ? Qu'avons nous à perdre quand 640 millions de marmots n'ont pas de logement adéquat, 500 millions pas accès à des installations d'assainissement, 400 millions pas accès à l'eau salubre, 300 millions un accès insuffisant à l'information, 270 millions totalement privés de services de soins de santé, 140 millions, dont la majorité sont des filles, n'ont jamais été scolarisés, 90 millions souffrent de privations alimentaires graves*. Qui en parle ? Pas les puissants… car nous n'avons rien à perdre.

*http://www.unicef.org

Printemps 2005 - Joke A Dit !!! Editorial


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